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Les guerres de Donald Trump

Rafik Lebjaoui – Algeria-Watch – 7 octobre 2025

Deux ans après l’offensive à Gaza de la résistance palestinienne contre le colonialisme israélien le monde est entrée dans une diagonale de conflits à grande échelle sous impulsion américaine. Les Etats-Unis renoncent ouvertement aux exercices, parfois convenus de respect du droit international pour afficher une forme inédite d’unilatéralisme brutal ou alliés et ennemis sont sommés de se plier aux exigences de l’Empire. Donald Trump dans un style caractéristique, entre morgue et outrance, est le porte-parole quasi-parodique d’un suprématisme belliqueux libéré de toute contrainte morale.

La paix c’est la guerre

Le président Donald Trump a vendu sa candidature à la présidence des États-Unis en se présentant comme un homme de paix. Le candidat n’a pas hésité pendant sa campagne à critiquer ses prédécesseurs pour leurs aventures guerrières en Irak et en Afghanistan. Personne n’a oublié ses déclarations péremptoires sur sa prétendue capacité à mettre un terme à la guerre en Ukraine en 24 heures.

Mais qu’en est-il réellement près de neuf mois après sa prise de fonction ?

Tout au long de cette période, la pratique du président Trump a été en contradiction directe avec ses professions de foi pacifistes. Il s’est révélé être un homme de guerre comme quasiment tous ses prédécesseurs avec, en prime, une posture et un discours d’une arrogance vulgaire rarement rencontrée à ce niveau de responsabilité. Un showman méprisant et dominateur, ne cachant pas sa volonté de soumettre la planète entière par le retour d’une primauté américaine battue en brèche, résumée par le slogan MAGA, acronyme publicitaire de « Make America Great Again » ….

Cet homme de paix auto-proclamé a tout de même inauguré son mandat en déclenchant une guerre tarifaire contre le monde entier, « amis » comme adversaires ou ennemis logés à la même enseigne d’une politique internationale placée sous le signe de l’unilatéralisme revendiqué.

Les guerres de « l’homme de paix »

En dix mois, Donald Trump a mené une guerre destructrice contre Ansar Allah au Yémen. Plusieurs semaines de bombardements intensifs contre des installations civiles. Centrales électriques, ports, aéroports. Sans résultat.  

Guerre qu’il a été contraint d’arrêter en raison des pertes que son armée a subies en mer Rouge. Trois avions F-18 ont été perdus dans ces circonstances floues et un porte-avion a été rapatrié en urgence aux États-Unis pour des réparations majeures qui prendraient deux années, selon les Américains eux-mêmes.

Le président Trump a même affirmé, contre toute évidence, que ce serait le mouvement Ansar Allah qui a demandé, via le Sultanat d’Oman, un cessez-le-feu, qu’il aurait, dans sa grande magnanimité, généreusement accepté.

Ansar Allah manifeste un soutien inébranlable, digne de tous les éloges, aux Palestiniens en interdisant aux navires de passer par la mer Rouge pour accéder au port israélien d’Eilat. Le Mouvement yéménite n’a pas cessé de de lancer des missiles contre l’Entité sioniste, manifestant une rare solidarité arabe avec la population gazaouie.

Pour sa part, Donald Trump continue d’alimenter, avec une détermination sans cesse réaffirmée, la guerre génocidaire israélienne contre les Palestiniens de Gaza et de la Cisjordanie. Il couvre par sa puissance militaire et son action politique le nettoyage ethnique mené contre les Palestiniens, annonçant même, dans un paroxysme d’indécence, le projet de faire de la bande de Gaza une zone touristique.

Le président américain soutient également la guerre permanente d’Israël contre le Liban. Il ne livre pas seulement les armes et le renseignement à l’agresseur sioniste, il envoie aussi ses hommes de main pour faire pression sur le gouvernement libanais pour tenter de faire plier la résistance et la désarmer.  

Donald Trump a également ordonné le bombardement de l’Iran, ce qu’aucun président américain n’a osé faire en près d’un demi-siècle.  

Discours de paix et bombardements

Cette attaque est un cas d’école de fourberie diplomatique. En effet, alors que les Iraniens et les Américains négociaient depuis plusieurs semaines les termes d’un accord sur le nucléaire iranien, Donald Trump décide de bombarder les installations nucléaires, en violation directe du droit international. Un bombardement au fort effet médiatique mais qui, en réalité, ne semble pas avoir atteint ses objectifs.

Ces dernières semaines, le dirigeant américain semble vouloir ouvrir un nouveau champ de bataille au Venezuela. Sous prétexte de lutte contre le trafic de drogue, il a déployé au large de ce pays plusieurs navires de guerre et des sous-marins dans une volonté claire d’intimider ce pays, qui résiste à l’hégémonie américaine.

Dans cette région du monde, les Etats-Unis violent le droit international, en bombardant, dans les eaux territoriales d’un pays souverain, des embarcations accusées de transporter de la drogue. La mise à mort des passagers de ces embarcations, sans procès ni jugement, est présentée comme l’élimination de trafiquants de drogue sans la moindre preuve. Ici aussi personne n’est dupe :  ce sont, bien entendu, les immenses réserves pétrolières de ce pays que l’affairiste de la Maison-Blanche convoite.

En Ukraine, l’administration Trump adopte une tactique plutôt grossière de poker menteur, faisant mine de reconnaitre la défaite occidentale sur ce théâtre en rétablissant des contacts directs avec la Fédération de Russie tout en maintenant son soutien logistique et de renseignement à Kiev.

L’escalade verbale belliqueuse et les velléités de réarmement des membres européens de l’Otan ne sont pas désavouées par les Etats-Unis qui y voient au contraire tous les avantages d’une prolongation d’un conflit qui affaiblit autant l’Europe que la Russie.

La guerre à venir

Dans ses envolées belliqueuses et mégalomaniaques, et comme pour signifier aux derniers observateurs crédule l’étendue de leur naïveté, Donald Trump a décidé de changer le nom du département (ministère) de la Défense qui s’appelle désormais département de la Guerre.

Il semble bien cependant que ce changement d’appellation soit justifié. La constitution d’une force massive d’agression en Asie Occidentale, en méditerranée orientale et en mer rouge préfigure une nouvelle aventure guerrière contre la République Islamique d’Iran. Sous leadership israélien, la coalition formée autour des Etats-Unis par les principales puissances occidentales entend « finir le travail » commencé par la guerre des douze jours, entre le 13 et le 24 juin 2025.

L’objectif de la guerre contre l’Iran est d’éliminer le principal obstacle à l’hégémonie israélienne en Asie Occidentale. En effet, tant que la République Islamique et ses alliés de la résistance anti-impérialiste sont debout les projets sionistes d’expansion territoriales ne pourront pas se réaliser. Les visées coloniales israéliennes sont conformes aux stratégies occidentales de contrôle d’une région stratégique au carrefour de trois continents.

Ainsi donc le président élu sur la promesse de mettre un terme aux guerres impériales se révèle comme un va-t’en guerre assoiffé de sang. Donald Trump n’incarne pas la rupture proclamée avec la politique de subversion globale qui est celle de Washington depuis des lustres, bien au contraire. Le 47eme président des Etats-Unis est le continuateur des politiques sanguinaires de ses prédécesseurs, démocrates ou républicains en inféodant plus que jamais son pays aux intérêts sionistes.